Jean-Michel SCHAEFFER
Billet d'humeur
Jean-Michel SCHAEFFER

Négociations commerciales : les EGAlim sont bafoués

Depuis le mois de décembre les éditos et les communiqués de la CFA se suivent…et se ressemblent. A croire que nous avons à faire à une grande distribution aveugle et sourde aux demandes légitimes des aviculteurs.

Nos filières avicoles et cunicole sont contractualisées, et les contrats amont, pour beaucoup (la totalité en volaille de chair), prennent en compte les variations du coût de l’aliment. Or, depuis la fin de l’année 2020, le cours des matières premières augmente de manière exponentielle, renchérissant de fait le prix de l’aliment pour nos animaux. Dans une France « idéale », en tout cas une France où les lois votées sont respectées et où les conclusions de grands travaux interministériels et interprofessionnels sont appliquées, cette augmentation impressionnante du coût des matières premières aurait été répercutée automatiquement jusqu’au dernier metteur en marché puis jusqu’au consommateur. Et bien non ! Depuis 3 mois nous bataillons ferme pour expliquer aux distributeurs le fonctionnement de nos filières et la nécessité de prendre en compte ces hausses de coûts de production s’ils veulent continuer de pouvoir commercialiser de la viande de volailles, du lapin et des œufs français. Si certains distributeurs sont à l’écoute et si sur la volaille de chair, une partie du chemin a été réalisé, d’autres distributeurs sont moins coopératifs et dans les œufs presqu’aucun ne daigne comprendre. Les actions syndicales dans l’Ouest ces derniers jours l’ont démontré.

La situation devient intenable et les abatteurs et conditionneurs annoncent déjà qu’ils ne pourront honorer leur contrat avec les éleveurs. Nous ne pourrons pas l’accepter. Les éleveurs ne cessent de mettre en œuvre de nouvelles mesures pour répondre davantage aux demandes des distributeurs, sans que le surcoût ne soit pris en compte. Si nos messages ne sont pas entendus, les actions risquent de se durcir et pourront aller jusqu’à la rupture de livraison.

Nous devrons aussi dès les prochaines semaines tirer les enseignements de cette crise. Les outils proposés par la loi EGAlim doivent être utiliser et respectés. C’est pourquoi nous demanderons que l’indexation présente dans les contrats amont soit automatiquement intégré aux contrats commerciaux entre les industriels et les distributeurs. Nous devrons aussi mettre sur la table l’ensemble de nos coûts de production auprès de nos partenaires : les éleveurs peuvent se mobiliser pour faire répercuter l’augmentation du coût de l’aliment, ils n’en oublient pas moins la nécessité de répercuter les charges fixes qui ne cessent d’augmenter.