La lutte contre la VHD dans la filière cunicole et contre l’influenza aviaire sont les principales préoccupations pour la CFA.

La VHD (maladie hémorragique virale du lapin)

Dans la filière cunicole, la VHD (maladie hémorragique virale du lapin) touche régulièrement, depuis 1989, de nombreux élevages, entraînant des pertes économiques élevées. Cette maladie est causée par un virus évolutif et chacune de ses modifications nécessite une réadaptation de la lutte prophylactique. En 2016 le virus a muté entraînant une épizootie sévère qui décime les élevages malgré les mesures de biosécurité et de vaccination existantes. Cette « épée de Damoclès » est souvent insupportable pour les éleveurs : en 2019 la Fenalap avait évalué à 35% la part d’arrêts d’élevages liés à la VHD. Cette maladie, reconnue de catégorie 2 depuis le mois de mai 2018, a bénéficié du premier programme FMSE pour la filière cunicole, reconduit en 2019 puis en 2020. D’autre part, depuis le mois de juin 2018, les élevages cunicoles profitent d’un système de surveillance de la maladie et d’alerte lors de la survenue d’un cas. Des signaux positifs sont enregistrés depuis l’année 2019 avec une baisse du nombre de cas enregistrés annuellement en 2019 et en 2020, en lien étroit avec les actions menées par la filière ces dernières années.

lapereaux

Positions et actions de de la CFA

La CFA continue de se mobiliser aux côtés de la FENALAP (Fédération Nationale des groupements de producteurs de lapins) et du CLIPP pour accompagner les éleveurs. Grâce à la mobilisation de tous les acteurs, l'interprofession a pu obtenir des résultats et 2 projets ont été sélectionnés pour bénéficier de financements publics :

  • Le projet EVALAP de « Charte interprofessionnelle de bonnes pratiques en élevage cunicole » déposé par le CLIPP en fin d’année 2020 sur l’Appel à Projets FranceAgriMer « Structuration des filières » figure parmi les lauréats. 
  • Le projet SURVRECI combinant deux volets d'étude, un sur la « Surveillance » et l'autre sur les « Récidives », porté par l’Anses avec l’ITAVI et le CLIPP comme partenaires.

Les indemnisations du FMSE pour la VHD

Après les deux premiers programmes FMSE « VHD » 2018 et 2019, le programme 2020 a été validé par le ministère de l’Agriculture. Ces programmes permettent une prise en charge de 85% du coût de la vaccination pour 2 lots de lapins d’engraissement si l’éleveur a été touché par la VHD sur les périodes des programmes, et répondre aux critères d’éligibilité.

Pour le programme FMSE « VHD » 2018 (période du 31 mai 2018 au 31 décembre 2018), 81 élevages ont été indemnisés par le Fonds FMSE pour un montant moyen de 4042€ sur la durée du programme. Le programme FMSE « VHD » 2018 a donc versé 315 266 € d’indemnisation avec un minimum de 544 € et un maximum de 15 023 € par élevage.

Pour le programme FMSE « VHD » 2019, 118 dossiers ont été déposés et les contrôles d’éligibilité sont encore en cours. Le montant prévisionnel d’indemnisation s’élève à un peu plus de 650 000 euros.

Le dépôt des dossiers pour le programme 2020 est en cours jusqu’à fin octobre 2021.

Les mesures de biosécurité renforcées en élevage

La CFA s’est associée à la Fenalap et au Clipp pour continuer de mettre en place des modules de formation biosécurité en élevages cunicoles avec une prise en charge par VIVEA (fonds d’assurance formation agricole). Un kit de formation biosécurité, développé avec la SNGTV, est disponible pour les techniciens et vétérinaires qui proposent ensuite des modules de formation aux éleveurs.

En parallèle la CFA s’est associée à la Fenalap pour la construction d’une grille d’audit, celle-ci a été intégrée à l’outil EVA, avec un objectif d’état des lieux et de progrès. Une mise à disposition large auprès de l’ensemble des acteurs de la filière est prévue prochainement.

Un outil essentiel : la base de données VHD

Depuis juillet 2018, un système de surveillance a été mis en place avec le recensement des foyers, la mise en alerte des élevages à proximité d’un foyer, l’activation d’une cellule d’information.

Cette base de données recensant tous les élevages cunicoles et enregistrant les différents cas de VHD, est gérée par la FENALAP. Dès que la FENALAP est informée d’un cas, elle en informe la cellule d’information VHD par mail en indiquant uniquement le nom de la commune touchée, afin d’accroître la vigilance dans cette zone.

L’influenza aviaire

L’influenza a encore frappé en 2020/2021, avec près de 500 élevages touchés dans le Sud-Ouest. En tout près de 3,5 millions de volailles (pour la plupart des palmipèdes) ont été abattus préventivement. Les dégâts sont à nouveau considérables dans les Régions les plus touchées mais aussi au niveau national avec les très importantes perturbations qu’a engendré la crise sur l’export. La CFA a œuvré pour une prise la plus complète possible des pertes des éleveurs et a été force de proposition dans l’élaboration de la feuille de route « post-crise ».

poulets des Landes Liberté

Les aides obtenues en 2021

Plusieurs nouveautés sont apportées au dispositif par rapport à 2017 : un dispositif de 500 000 euros spécifique aux éleveurs de poules pondeuses ayant dû détruire ou dévaloriser leurs œufs, un dispositif en deux volets (près de 10 millions d’euros en tout) pour les éleveurs de gibier ayant été touchés par la double crise Covid-19/Influenza ou encore la prise en charge de 100 % des pertes des gaveurs jusqu’à 90 jours après la date de fin de restrictions sanitaires. Ces dispositifs s’ajoutent à une enveloppe de 40 millions d’euros pour le versement des acomptes auprès des éleveurs ayant subi des vides sanitaires prolongés (toutes filières), une enveloppe de 30 millions d’euros pour le secteur de l’accouvage et une enveloppe de 10 millions d’euros d’avances pour le secteur de l’aval.

Les demandes complémentaires de la CFA

Des éleveurs dans des cas particuliers sont aujourd’hui toujours dans le flou : ceux ayant subi des pertes (un peu plus de 1 millions d’€) en dehors de la zone réglementée (c’est le cas notamment d’éleveurs de poulettes et de gaveurs) ou ayant dû stocker et détruire de l’aliment suite à un abattage. Certains éleveurs, qui transforment sur la ferme via une SARL, sont également exclus des mesures et le dispositif « aval » vers lequel le ministère de l’Agriculture les renvoie ne leur est pas adapté. La CFA demande des réponses rapides pour ces éleveurs. Enfin, si la prise en compte du cas particulier des gaveurs jusqu’à 90 jours après la date de fin de restrictions sanitaires est bienvenue, il faudrait qu’elle puisse aussi fonctionner pour les éleveurs, pour lesquels il n’est prévu qu’une prise en charge des pertes à hauteur de 50 %.

canards sur parcours

Mobilisation de la section avicole du FMSE

La section avicole du FMSE a suivi de près la gestion de la crise et les travaux sur les indemnisations, afin notamment, de se tenir prête à mettre en œuvre son travail pour la rédaction d’un programme d’indemnisation IAHP H5N8 20/21. Il est cependant important de rappeler que le FMSE fonctionne avec des fonds professionnels limités et que les cofinancements nationaux et européens qu’il permet sont soumis à des règles très strictes. Ce qui n’est pas indemnisable par l’Etat ne l’est pas forcément par le FMSE, c’est le cas notamment des pertes subies sur l’aliment non consommé : ces pertes ne sont pas éligibles aux indemnisations du FMSE dont la liste est définie par un arrêté ministériel.

Le travail va cependant s’engager, comme pour les précédents programmes sur les pertes en zones indemnes et sur les cas particuliers (jeunes agriculteurs n’ayant pas pu démarrer sa production, éleveur n’ayant pas pu réformer ses poules pondeuses, etc…). Un chiffrage devra être réalisé pour calibrer au plus juste le programme. Il faut cependant avoir conscience que les délais du FMSE sont longs et que les indemnisations n’interviennent que près de 2 ans après la crise. Le travail sur la rédaction d’un programme d’indemnisation a débuté dès le mois de mai et des réunions communes ont eu lieu entre le FMSE et les services du ministère pour faire en sorte de lister de la manière la plus précise possible les cas particuliers qui pourraient relever du programme FMSE ou du programme du ministère.

Feuille de route post-crise

Malgré les engagements pris en 2017, force a été de constater que sur le terrain toutes les bonnes pratiques n’étaient pas toujours mises en œuvre, quel que soit le type d’élevage (circuit long, circuit court, autarcique, spécialisé, etc…). Les nombreuses dérogations à l’obligation de mise à l’abri des canards pour les élevages de moins de 3200 animaux accordées aux éleveurs, l’interprétation parfois très souple de cette dérogation ont conduit à une situation fragile sur le terrain alors que la France passait en risque élevé IAHP. Il n’est pas question de stigmatiser tel ou tel système de production : les dérogations ont été accordées par les services de l’Etat. Bien entendu, la diffusion du virus est multifactorielle et il ne s’agit pas de se focaliser sur cette dérogation, cependant, il a été établi par les scientifiques de l’Anses que la diffusion rapide et large du virus dans le Sud-Ouest, notamment dans la zone Chalosse est principalement due à la forte densité d’animaux en plein air sur un territoire restreint. En Vendée, les animaux avaient été mis à l’abri de manière massive et systématique.

Signature de la feuille de route par la CFA

Le ministre a conclu ces travaux le 8 juillet. La feuille de route et le plan d’action détaillé qui l’accompagne sont des documents très engageants, à la hauteur des enjeux. Ils comportent des mesures-phares concrètes et ambitieuses, telle que la fin des dérogations à la claustration, prévues par la réglementation actuelle ou l’obligation de la télédéclaration des élevages et des mouvements de volailles. Une inquiétude majeure subsiste cependant avec la possibilité laissée à certains modes de productions de mettre à l’abri leurs animaux uniquement sous des filets, en dépit des demandes répétées de la CFA, de la FN Foie Gras, de la FNSEA et de Jeunes Agriculteurs de généraliser les constructions en dur, bien plus protectrices. C’est pour cette raison que la CFA, ainsi que les organisations citées et les interprofessions ont fait figuré une mention en dessous de leur signature de la feuille de route indiquant que les expériences professionnelles en matière de mise à l’abri sous-filet n’étaient pas concluantes.

Renforcement de la prise en compte de la biosécurité dans les coûts de production

Suite aux travaux de l’année 2019, le conseil d’administration du CIFOG, sous l’impulsion de la CFA et de la FN Foie Gras, du 6 février 2020 a conclu un accord volontaire pour une meilleure prise en compte de la biosécurité dans l’établissement des coûts de production, notamment le critère de densité. L’article 1 stipule que les contrats écrits qui lient un producteur à son premier acheteur proposent une méthode de calcul du prix qui tienne compte d’indicateurs de coût de production qui varient selon la densité en élevage. Cette méthode devant s’appuyer à minima sur un indicateur agrégé de coût de main de production variant selon la densité en élevage ou sur un indicateur de coût de la main d’œuvre couplé à un indicateur de coût de l’investissement, tous deux variant selon la densité en élevage.

En parallèle, le CIFOG a adressé une note à l’ensemble de ses adhérents pour leur rappeler les règles en matière de capacité à claustrer.